Dans la territoriale, la pression s’accroît face à des contraintes financières toujours plus fortes. La masse salariale est dans le viseur de l’Etat qui considère que les collectivités peuvent faire encore un effort. Un procès injuste selon les acteurs locaux.
«Dire que les collectivités coûtent trop cher, qu’il faut réduire la masse salariale, ce sont des sujets qui reviennent depuis vingt ans, mais on sent une vraie accélération de ce discours ». Constate Hélène Guillet, présidente du SNDGCT.
Stanislas Guerini a énoncé ses pistes, notamment la dévitalisation des catégories A, B et C et sa volonté de «lever le tabou du licenciement». Le ministre de l’Economie et des finances, Bruno Le Maire a présenté aux associations d’élus sa nouvelle trajectoire macro-économique. S’inscrivant dans la loi de programmation des finances publiques, elle met à contribution les collectivités en leur demandant de limiter la croissance de leurs dépenses de fonctionnement à 0,5 point sous le taux d’inflation.
Le pilotage en question
Les dépenses de frais de personnel, représentant un poids d’environ 35,6 % des dépenses de fonctionnement, soit plus de 75 milliards d’euros, constituent, aux yeux de Bercy, une opportunité de faire participer les collectivités au redressement des comptes publics.
Mais pour les professionnels de la territoriale ou certains consultants, ce n’est pas si simple, ils estiment :
-«Qu'il faut commencer par la stratégie du pilotage de la masse salariale qui n'est pas mis en place dans toutes les collectivités même si, en fin de compte, l’objectif reste de produire un meilleur service public et pas du chiffre d’affaires». ».
-«On nous parle de réduction de la masse salariale, de baisse des dépenses, mais on n’est pas dans un pilotage global».
-«Le licenciement est la meilleure façon de dégrader le dialogue».
-« C'est un faux débat, l’employeur territorial n’est pas laxiste, et nous appliquons les règles».
Amener les agents plus loin
La lutte contre l’absentéisme a aussi été évoquée par le gouvernement comme piste d’économies. Pour autant, les représentants des acteurs locaux expliquent que la problématique de la FPT relève de la pénibilité au travail.
Il est évoqué que:
-«L’absentéisme est relativement important ,les dispositifs mis en place ne donnent pas forcément des résultats concrets et il faut toujours questionner la prévention des risques, les couvertures santé, etc... ».
-«Les agents sont usées et nous devons les amener plus loin avec la réforme des retraites».
-«7 % des effectifs de la fonction publique territoriale partiront à la retraite chaque année».
-«L’évolution de la démographie constitue, en effet, une opportunité, certes pour maîtriser la masse salariale, mais, surtout, afin d’adapter les effectifs à la réalité des besoins d’aujourd’hui en matière de services à rendre. Il ne faut donc pas se limiter uniquement à une approche quantitative, il s’agit de se donner la possibilité de réfléchir à l’action publique à mener».
Baisse de l’offre de services ?
La simple réduction des postes est parfois difficilement envisageable, notamment en raison des taux d’encadrement obligatoire. Le débat doit aussi se poser en chiffres :
-«Avec près de 1,9 million de territoriaux, représentant 35 % de l’ensemble des fonctionnaires, cela correspond à un ratio de 23,5 agents territoriaux pour 1 000 habitants. Est-ce que c’est trop pour rendre le service public local ?».
-«La réduction des dépenses demandée par Bercy sera très difficile à tenir. Personne ne croit au programme de stabilité présenté».
-«Il faut arrêter d’expliquer que c’est en licenciant un peu facilement ou en évitant que les 600 000 départs à la retraite ne soient remplacés que nous allons régler les choses».
-«S’il s’agit de réduire pour réduire et si ce n’est pas pour répondre aux besoins, quel est le sens du service public et de l’action des collectivités locales».
-«Il faudra assumer la réduction du service public».
Sources la Gazette des Communes par Yann Chérel Mariné.
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